mercredi 9 mai 2012

La soirée du vendredi 24 février au Centre Pompidou


Au programme : le guitariste américain Bill Orcutt et son blues déglingué, l’autrichien Christian Fennesz et l’allemand Florian Hecker pour une électro expérimentale"
On pourrait croire à l'aspect pour le moins superficiel de cette description, qu'elle est tirée du programme d'une petite salle de concert sans prétention. C'est pourtant au Centre Pompidou qu'a eu lieu l'évènement. Trop occupé à nous expliquer le pourquoi du comment de sa programmation.

Bill Orcutt est un extraordinaire improvisateur d'inspiration blues au jeu étrange et énervé pas loin du free jazz, c'est pour lui que je me rends à cette soirée.
Christian Fennesz est un des grands noms de la scène drone électronique.
Florian Hecker est un musicien important aussi bien dans la musique électronique (il a collaboré entre autres avec Aphex Twin) que dans l'art contemporain pour ses installations sonores ou encore ses collaborations avec Angela Bulloch.

J'en conclus donc que le public, comme moi, connaît et apprécie le travail d'au moins un des trois artistes, et que peu d'entre eux sont venus par hasard. Sur place la salle est pleine. Florian Hecker est chargé du premier set et ne se fait pas prier, sans qu'il ne soit présenté par personne, il entame sa prestation. Les lumières s'éteignent et des nappes sonores violentes envahissent la salle. La grande scène est vide, seulement deux hautes tours d'enceintes sur les côtés. La musique est étrange, presque moqueuse, et le volume est élevé. Très vite, des gens dans la salle râlent et demandent à ce que le volume soit baissé. Personne ne semble en tenir compte et la musique continue avec des sons de plus en plus stridents. Puis le ton monte et des insultes fusent. Au bout d'un moment il devient difficile d'écouter la musique tant le public s'agite. En fait, plus personne ne l'écoute, tout le monde chahute. Certains continuent à réclamer à la régie de baisser le son, d'autres s'indignent contre ces derniers, enfin, beaucoup s'amusent de la situation: "Plus fort! On n'entend pas bien !". L'ambiance devient insupportable jusqu'à ce qu'une personne monte sur la scène et s'assied, suivie d'une autre qui se dirige vers une tour d'enceintes, puis la renverse dans un bruit fracassant. Le staff de Beaubourg se précipite vers la scène en laissant tout de même le temps au guignol de renverser la deuxième tour. La musique se coupe net, la lumière s'allume et une scène de lutte pathétique commence entre le type, le staff et quelques personnes de l'assistance. Le tout est pitoyable, je reste assis accablé et me demande si je verrai Bill Orcutt ce soir. Une amie me demande si, comme une partie du public déjà, nous allions quitter la salle. Je ne sais pas quoi lui répondre.

Bill Orcutt sort des coulisses, en tongs avec sa guitare et tout le monde se tait et applaudit. "What da fuck?" nous demande t-il avec un air rieur bien qu'un peu perdu. On rit en essayant de ne pas avoir l'air responsable de ce qui a eu lieu. On se dit tous qu'on est vraiment un public de merde. Bill Orcutt, ne sachant quoi faire, retire ses tongs et erre sur la scène. Un employé lui fait finalement signe de retourner en coulisse. Il réapparaîtra un moment plus tard et le concert continuera normalement, tant bien que mal. Le petit vandale quand à lui aura eu à s'expliquer devant la police. Je suppose qu'il a été poursuivi mais je ne me suis pas renseigné.

Colin Thil

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