mercredi 9 mai 2012

DEPLACER LES BORNES


Exposition de Julien Nédélec à la Zoo galerie,
Du 22 mars au 28 avril 2012


Objet : toi qui croyais qu’on finirait tous serveurs

Salut Romane ,
Comment ça va, tu en es où dans tes répétitions ?
Je t’envoie mon mail de la semaine pour te raconter une exposition cette fois-ci. Et s’il te plait : un « ancien » des Beaux –arts !
C’était à la ZOO galerie. Drôle de nom, surtout qu’en guise d’animaux, c’est un énorme chat qui accueille et exige des caresses de chaque arrivant.
Donc, tu rentres dans le hall d’un immeuble, tu traverses le jardin (caresse au chat), et tu arrives dans le lieu. L’exposition s’appelle « Déplacer les bornes », de Julien Nédélec. Au début quand je suis rentrée je me suis dit qu’il les dépassait bien les bornes. Et puis tu sais au final j’aime les jeux de mots. C’était un jeu graphique, un jeu de mots et de formes.
Je t’explique :
Tu as deux pièces. La première avec trois photos disposées au sol. Ce sont des impressions couleur sur Dibbon laqué (tu chercheras ce que c’est). Trois images à plat représentant trois formes : un cube noir, une pyramide bleue, un cercle jaune. Ces formes sont chacune légèrement dédoublées, comme des sortes d’objets siamois. Bon. Au fond de cet espace-là il y a également une quatrième image : c’est une photographie d’un test de Rorschach. Je n’y vois rien de particulier, je n’aime pas trop ce genre de test. Et puis je ne pense pas que ce soit ce qu’il veut.
Ensuite tu comprends qu’une cimaise sépare ces images de l’espace numéro deux. Comme une ligne de symétrie magique. C’est un deuxième temps qui semble être l’origine de la photo. Comme l’état initial de ces formes qui a généré l’idée de l’exposition. Ce sont les mêmes, qui d’un coup ont pris du volume, ce sont les sculptures. Et toujours le test de Rorschach au mur. Mais pas une image cette fois. Celui-ci c’est l’original, le « vrai ». T’as pas envie de te demander ce que tu vois dans ces tâches, mais bien « qu’est-ce que tu vois entre ces deux pièces ? »
Parce que tu as vraiment l’impression de palper le moment entre l’objet et sa photographie, son image, l’intervalle entre l’exposition et sa documentation. Tu vois le temps arrêté. Tu te perds, tu cogites : l’exposition exposée par ses images, l’exposition exposée par elle-même… ? Tu vois la logique ?
Moi j’ai trouvé ça très fort. Très fort en seulement huit coups. Plier un papier obtenir une symétrie particulière et inégale qui te demande ce qu’il se passe en fait dans une expo. Ce que tu vois. Il interroge directement ce que tu es en train de regarder, là, à l’instant.
Voilà Romane, une des choses que j’ai vues cette semaine. Une des choses sur lesquelles on peut par exemple s’interroger aujourd’hui, quand on sort des Beaux-arts.
Je t’embrasse, j’attends ton mail avec impatience. Dis-moi vite quand tu fais ton prochain concert.
A très bientôt,
Hannah.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire