mercredi 9 mai 2012

Le ballet mécanique



Musée Jean Tinguely, Bâle

Collection permanente

  Ça a commencé comme ça, le soleil qui tapait sur le métal, un couinement de matériaux et le bruit de l’eau. La porte traversée ça a continué…un avion suspendu au plafond se cambrait face à trois lustres. Des « brics et des brocs », des cliquetis de ferraille, des ronrons de moteurs…me voilà embarquée dans une véritable poésie mécanique, une sorte de ballet de l’étrange avec pour première danseuse des roues. Et ça turbine sous le ronron des moteurs ! Alors je suis là, et j’ai retrouvé mes quatre ans, d’ailleurs tout le monde semble avoir retrouvé ses quatre ans… une jouissance phénoménale s’empare de nous lorsque nos pieds actionnent les mécanismes et la joie de découvrir comment la pièce va se dérouler. Alors on grimpe dans la machine, on se penche, on se baisse, on touche à tout ! Voilà, Tinguely c’est ça ! C’est comme plonger avec des yeux de marmot dans un manège géant ! C’est ça… mais pas seulement… parfois des endroits plus sombres, plus froids, des mécanismes ornés de squelettes d’animaux nous rappellent notre âge, nous privent de barbe-à-papa un instant et nous avertissent que le temps passe, que sous les couleurs chatoyantes on trouve souvent de l’ironie. Tout nous ramène à notre propre condition, à nos répétitions de mouvements inutiles, à notre façon de bien souvent tourner en rond… puis très vite on revient vers des pièces plus souriantes mais toujours piquantes d’ironie. Je chantonne « la complainte du progrès » (Boris Vian) en me retrouvant devant une perceuse-plumeau qui me chatouille les yeux en remuant des plumes…
Alors voilà tout est là : une symphonie de couleurs, de grincements, de provoc. , de jeu, de conscience et de dérision… Tinguely c’est le grand enfant qui a remplacé la petite voiture par une Déesse en pièce détachée, dans laquelle il a accroché la poésie d’un gamin devenu conscient de ce qui se passe autour et qui compte bien s’en amuser !

Morin Alexane





Grosse Méta Maxi-maxi Utopia (1987)

Hannibal (1967)


Le safari de la mort moscovite (1989)



Miostar No. 1 et 2 (1974)



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